Position de l'Islam sur la violence
Question : On entend dire que l'Islam prône la paix, la liberté de croyance et la tolérance, mais il y a des versets dans le Coran qui m'interpellent par la violence qu'ils semblent prôner
Sommaire de la réponse
1. Les principes fondamentaux
a. Tolérance et liberté de croyance
b. Il n'existe aucune justification recevable pour un crime
c. Les cas exceptionnels autorisés de recours à la violence (légitime défense, etc.)
2. Sens des versets "à polémique"
3. Pourquoi la lecture violente ne tient pas la route ?
4. Quelle doit être selon l'Islam la réaction des musulmans en réponse à des injustices ou à des insultes ?
5. Les enseignements de l'histoire
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1. Les principes fondamentaux
a. Tolérance et liberté de croyance
La posture fondamentale de tolérance est affirmée clairement dans le Coran :
Sourate 2, Verset 256 : "Point de contrainte en religion, maintenant que la vérité se distingue nettement de l'erreur. Désormais, celui qui renie les fausses divinités pour vouer sa foi au Seigneur aura saisi l'anse la plus solide, sans crainte de rupture. Dieu est Audient et Omniscient".
Cela signifie que personne ne doit être contraint à rejoindre telle ou telle religion, ni empêché par contrainte de pratiquer telle ou telle religion.
Cela n'interdit évidemment pas pour autant aux musulmans de parler de l'Islam aux non musulmans (où serait la cohérence avec les valeurs de partage et de fraternité s'il s'agissait de garder égoïstement pour soi un message pouvant apporter une telle lumière à chaque être humain?).. Le Coran encourage à le faire avec la modération et la sagesse fondées sur les valeurs de respect et de tolérance et sur la conscience que seul Dieu ouvre le cœur des hommes à la foi : Sourate 16, Verset 125 : "Appelle à la voie de ton seigneur par la sagesse et le bon sermon. Sois modéré dans ta discussion avec tes interlocuteurs. Du reste, c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'écarte de Sa Voie, comme Il connaît mieux ceux qui sont bien guidés".
b. Il n'existe aucune justification recevable pour un crime
Deux idées essentielles sont à retenir :
- un criminel est un criminel
- il n'existe aucune justification recevable pour un crime
Selon le Coran, l'un des plus grands péchés est de tuer un être humain qui n'a pas commis de crime. Sourate 5, Verset 32 : "... quiconque tue un être humain non convaincu de meurtre ou de corruption sur la terre est considéré comme le meurtrier de l'humanité toute entière ...".
Il n'existe aucune justification recevable pour un crime : Nous attirons l'attention sur la confusion, fréquente et entretenue par certains, entre justice et représailles.. La position de l'Islam sur les représailles est limpide et simple : "ce n'est pas parce que quelqu'un d'autre a commis un crime que cela justifie ton crime".. Les arguments du type "oui mais c'est lui qui a commencé.." ne sont pas recevables en Islam..
Dieu n'autorise pas une personne à justifier son mauvais comportement par le mauvais comportement d'une autre... (sauf cas de légitime défense, cf. partie suivante).
Commettre des actes haineux et criminels, en les estampillant "au nom de l'Islam" est une usurpation de l'Islam particulièrement offensante pour les musulmans car à l'exact opposé des enseignements du Coran et des fondements de l'Islam.
Les musulmans ont évidemment "le droit" de se sentir offensés par la propagande insultante contre l'Islam, et par celle tout aussi insultante (sinon plus !) qui propage la haine et le meurtre en se réclamant de l'Islam. Ils n'ont évidemment pas le droit de réagir à l'une ou à l'autre en tuant !
c. Les cas exceptionnels autorisés de recours à la violence (légitime défense, etc.)
3 cas sont prévus et encadrés en Islam :
- l'autodéfense (ou légitime défense)
- les représailles
- la violence préventive
. L'auto-défense : qu'on appelle communément "légitime défense". Un exemple simple : quelqu'un pénètre dans votre maison, vous le combattez ou même vous le tuez.. Si vous craignez pour votre vie, ce sera considéré comme de l'autodéfense dans tous les pays y compris la France. Vous avez le droit de faire cela, en Islam comme dans les pays démocratiques, et si vous tuez la personne qui vous attaque, vous ne serez pas considéré comme quelqu'un de mauvais, parce que ceci est de l'autodéfense. Ce n'est pas spécifique à l'Islam. C'est le premier type de violence "autorisée" en Islam et il s'agit d'un droit individuel et pour un pays.
L’autorisation de guerre est donnée dans le Coran en cas d’auto défense :
Sourate 22, Verset 39 et 40 : "Toute autorisation de se défendre est donnée aux victimes d'une agression, qui ont été injustement opprimées, et Dieu a tout pouvoir de les secourir. Tel est le cas de ceux qui ont été injustement chassés de leur foyers uniquement pour avoir dit 'Notre Seigneur est Dieu !'". (Concernant les limites permises, cf. paragraphe qui suivent)
. Les représailles : Imaginons que quelqu'un vous attaque, vous ou votre famille, puis il s'enfuit. Alors qu'il est déjà loin, vous prenez votre voiture pour le rattraper, vous foncez dans sa voiture et vous l'attaquez.. C'est ce qu'on appelle des représailles (à ne pas confondre avec l'autodéfense car la menace n'était plus présente).
Les représailles en Islam : c'est un droit pour un état, pas pour un individu. Un individu ne peut pas riposter de cette manière (Si les individus pouvaient riposter en Islam, alors il n'y aurait jamais eu de civilisation Islamique.. Cela aurait été la loi de la jungle, et les gens se seraient entretués sans fin). Donc les représailles ne se font que sous un état et par l'état. Dans l'histoire de l'Islam jusque récemment, et nous y reviendrons en détail, cela a toujours été compris comme cela, sans voix discordante.
. La violence préventive : C'est le cas où "ils ne vous ont rien fait" mais "vous vous dites qu'ils pourraient vous faire quelque chose", donc "avant qu'ils n'aient la possibilité de me le faire, je les attaque !". "Frappe préventive" comme l'appellent les militaires de nos pays. Comme dans le cas précédent, en Islam, il s'agit d'un droit pour un Etat, pas pour un individu.
Comme vous le constatez, ces 3 cas de recours exceptionnel à la violence sont les mêmes que ceux prévus par nos lois modernes dans nos pays démocratiques occidentaux (quand notre sécurité individuelle ou nationale est en péril).
De plus, dans tous ces cas, le Coran prescrit la mesure et encourage le pardon :
Sourate 42, Versets 39 à 43 : (après plusieurs versets qui qualifient les croyants) "Ceux qui répondent à l'offense quand il en sont victimes, sans oublier que la riposte doit être égale à l'offense subie, et que celui qui pardonne et se montre conciliant trouvera sa récompense auprès du Seigneur, car Dieu n'aime pas les agresseurs.
Ceux qui répondent à une injustice dont ils ont été victimes n'encourent aucune peine. En revanche sont punissables ceux qui oppriment leurs semblables, et qui, sans souci d'équité, sèment le mal sur la terre. A ceux-là un châtiment douloureux est réservé. C'est un signe d'une grande sagesse que de faire preuve de patience et de pardon".
La réponse à l'offense est donc autorisée et encadrée par les modalités que nous venons de voir. Mais si la personne agressée choisit de renoncer à son droit de répondre, pardonne et se montre conciliante envers son agresseur, elle sera récompensée par Dieu. L'incitation est au pardon et à la conciliation, comme en témoigne également ce qui suit :
Sourate 5, Verset 2 : " Et ne laissez pas la haine pour un peuple -qui vous a obstrué la route vers la mosquée sacrée- vous inciter à commettre des agressions ! Soyez solidaires dans la charité et la piété et non dans le pêché et l'agression ! Craignez Dieu, car Dieu est Redoutable en punition".
Sourate 5, Verset 8 : "Ô vous qui croyez ! Soyez fermes dans l'accomplissement de vos devoirs envers Dieu, et impartiaux quand vous êtes appelés à témoigner ! Que l'aversion que vous ressentez pour certaines personnes ne vous incite pas à commettre des injustices. Soyez équitables, vous n'en serez que plus proches de la piété. Craignez Dieu. Dieu est certes parfaitement informé de ce que vous faites".
Le Prophète a dit également : "Soyez miséricordieux envers ceux qui sont sur terre, vous serez traités avec miséricorde par Celui qui est dans le Ciel".
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2. Sens des versets "à polémique"
Ce qui suit est l'illustration d'un principe essentiel : les versets du Coran ne peuvent être interprétés sans étudier leurs contextes de révélation et d'application.
Nous avons choisi d'expliquer les versets qui contiennent la phrase "tuez-les partout où vous les trouvez" (Sourate 2, Verset 191; Sourate 4, Verset 91). C'est la phrase la plus souvent questionnée.
La méthode et les principes que nous utilisons dans cette explication s'appliquent aux autres Versets.
Intéressons nous d'abord au contexte dans lequel ces Versets ont été révélés.
Dans l'histoire Islamique, le Prophète a commencé à propager l'Islam dans une ville appelée la Mecque, à l'âge de 40 ans. Il a invité les gens à cette religion, il a récité la révélation qui lui était faite. Quelques gens l'acceptèrent, la plupart d'entre eux ne l'acceptèrent pas et se sentirent de plus en plus offensés alors qu'il continuait à réciter les Versets révélés.
Certains ont voulu porter atteinte à sa vie, et à la vie de ceux qui le suivaient (certains croyants ont été torturés jusqu'à la mort..)
La menace a atteint un degré tel que les croyants ont dû secrètement s'échapper vers une autre ville, laissant derrière eux leurs commerces, leurs maisons, leurs familles dans certains cas..
Ils ont émigré vers une autre ville (Médine) où ils ont été les bienvenus... La plupart des gens y ont accepté la foi, et une sorte de gouvernement a été formée dans cette ville, avec la coopération des communautés chrétiennes et juives. Un fonctionnement de "société civile" a été mis en place, puis les musulmans ont commencé à préparer les batailles contre les villes d'où ils avaient fui. Et d'un point de vue "droit international", ils avaient le droit de se battre contre les occupants de la ville parce qu'ils y avaient leurs maisons dont ils furent expulsés (en raison de leur foi). Ce sont bien eux qui avaient été agressés en raison de leur croyance.
(NDLR. Rappel 1- du principe fondamental du Coran : Personne ne peut être opprimé du fait de sa croyance, 2- et de la possibilité de recours à l'autodéfense. Il s'agit d'ailleurs d'un principe universel, pas seulement Islamique. Si l'ONU avait existé à l'époque, elle aurait été en accord avec cela).
Plusieurs batailles eurent lieu échelonnées sur plusieurs années et finalement les musulmans gagnèrent la guerre lors de la "bataille" de reprise de la Mecque.
De quelle manière la "bataille" de reprise de la Mecque a-t-elle été remportée par les musulmans ? En réalité, personne ne s'est battu : Les croyants sont revenus paisiblement (une sorte de marche de paix) vers la Mecque avec des milliers de personnes.. Les adversaires ont été submergés par le nombre.. Il n'y a pas eu d'attaque ni de combat, les gens ne faisaient que prier.. et les adversaires ont déposé leurs armes en se disant "ils sont trop nombreux".
Puis le Prophète a rassemblé tous les chefs ennemis qui l'avaient combattu pendant des années et leur a dit : "je vais vous dire ce que Youssef (Joseph) a dit à ses frères : aucune charge contre vous aujourd'hui".. Il leur a pardonné le passé.
C'est alors qu'une révélation est descendue (la révélation des versets en question). Le sens de ce que Dieu a révélé alors est : Donnez à ces criminels 4 mois pour réfléchir à propos de la foi ; emmenez-les dans des endroits sûrs, où ils ne seront pas intimidés et totalement libres. Durant ces 4 mois, ils ont le choix entre devenir musulmans de leur plein gré, ou s'enfuir. Et s'ils reviennent dans cette ville au terme du délai de 4 mois, alors tuez-les (partout où vous les trouvez). Les agresseurs ont donc 4 mois pour réfléchir voire pour faire leurs bagages et partir dans des conditions sécurisées. S'ils décident de leur plein gré, sans pression, de devenir musulmans, ils seront considérés comme citoyens au même titre que les autres. Sinon, il n'y aura pas de prisonniers. C'est la peine de mort qui leur sera appliquée.
Voilà le contexte spécifique de la phrase en question.
Par ailleurs, il ne s'agit pas d'une politique ou d'une doctrine musulmane universelle, fut-ce contre des criminels ou des criminels de guerre... En effet, comme nous allons le voir tout de suite, les versets en question ont vocation à s'appliquer uniquement "du vivant et en présence du prophète".
Examinons dans l'histoire les contextes précis dans lesquels surviennent les châtiments divins (ex. le déluge de Noé, les tremblements de terre, le feu venant du ciel, des tours qui s'effondrent...) : Ces châtiments venant de Dieu surviennent uniquement lorsque le messager est physiquement présent parmi les gens, et qu'il est rejeté définitivement.
Ce point est très important pour comprendre la portée des Versets en question.
Autrement dit, lorsqu'il n'y a plus de messager, ce genre de châtiment ne se produit pas.
Il se produit seulement en cas de rejet final (définitif) du messager..
Ce même principe a été appliqué par Dieu aux "nations précédentes".. C'est ce que nous constatons en lisant la tradition Islamique, le Coran et la Bible.
Quel a été le châtiment divin à l'époque du Prophète Muhammad ? Le châtiment n'est pas venu du ciel, de la pluie, des inondations ou des typhons.. Mais d'une armée de musulmans qui a encerclé la ville de la Mecque. Le châtiment divin a consisté en une "procédure" adressée aux musulmans et au Prophète leur demandant de lever une armée face à ceux qui avaient commis des crimes contre les croyants au motif de leur foi et d'appliquer une peine de mort si dans un délai de 4 mois ils n'avaient pas décidé soit de quitter les lieux, soit de se rallier à la foi. Il s'agit d'une peine de mort avec une sorte de "bouton pause" appuyé pendant 4 mois... Ce bouton pause n'avait jamais été mis en place auparavant dans l'histoire des châtiments divins. Pendant ces 4 mois, les personnes concernées ont pu, si elles le voulaient, quitter leurs maisons -et celles qu'elles avaient occupées- et trouver un autre endroit où s'établir.. Sinon, elles auraient dû faire face à ce châtiment comme cela avait été les cas auparavant avec les précédents Prophètes.. Les criminels ont donc été avertis : leur sort dépendait désormais de leur choix.
Voilà l'importance de la connaissance du contexte de révélation d'un Verset. Ce Verset s'applique en effet uniquement en présence du Prophète (unique contexte d'application), en tant que châtiment divin par les mains des croyants, à l'encontre des criminels qui se sont attaqués aux croyants au motif de leur foi... (dans le paragraphe 'Les enseignements de l'histoire', nous verrons que ce verset ne fut effectivement jamais utilisé après la mort du Prophète).
Le "châtiment divin par les mains des croyants" est indiqué à d'autres endroits dans le Coran comme dans la Sourate 9, Versets 13 et 14 : "Comment ne pas combattre des gens qui ont violé leurs serments et qui ont cherché à expulser le Prophète ? N'est-ce pas eux qui ont déclenché les hostilités ? Les craignez-vous ? Mais c'est Dieu que vous devez craindre si vous êtes des Croyants. Combattez-les donc ! Dieu les châtiera par vos mains et les couvrira d'ignominie...". (Contexte : réponse à une agression, en présence du Prophète, châtiment par les mains des croyants).
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3. Pourquoi la lecture violente ne tient pas la route ?
Le Coran annonce clairement qu'il existera des personnes qui, à travers des lectures déviantes et infondées du Coran, égarerons d'autres personnes, et utiliserons certains versets pour semer le désordre et la discorde :
Sourate 3, Verset 7 : "C'est Lui qui t'a révélé le Livre contenant des versets à la fois clairs et précis, qui en constituent la base même, ainsi que d'autres versets susceptibles d'être différemment interprétés. Et c'est à ces derniers versets que les sceptiques, qui visent la zizanie et la discorde, prêtent des interprétations tendancieuses, alors que nul autre que Dieu n'en connait la signification exacte. Quand aux vrais initiés, ils se contenteront de dire 'Nous croyons en ce Livre, car tout ce qu'il renferme vient de notre Seigneur'. Ainsi, seuls sont enclins à méditer ceux qui sont doués d'intelligence".
Savez-vous que l'extrémisme violent, qui se réclame (bien évidemment à tort) de l'Islam, date des années 1970, donc plus d'un millénaire après l'apparition de l'Islam ? Cette prise en compte de l'histoire pourrait à elle seule suffire à démontrer que la lecture extrémiste violente de ces gens n'est pas correcte (il serait pour le moins surprenant qu'il ait fallu à l'humanité plus de 1 400 ans pour que soit mis en application un aspect de l'Islam que même le Prophète et l'ensemble de ses compagnons et successeurs n'avaient su imaginer !).
Cet extrémisme violent a choisi :
. de sortir des versets - ou des parties de versets - de leur contexte (de révélation et d'application)
. de manipuler les personnes non informées des valeurs de l'Islam et des règles d'interprétation des versets du Coran, avec un argument simple : "Dieu le dit, donc nous devons le faire !" (sans se soucier des principes et contextes d'application).
Nous voici au cœur du problème : Des personnes prennent des passages du texte du Coran, en considèrent la seule lettre sans référence aucune aux règles de lecture et de compréhension du Coran, et se font ainsi leur "petite idée sur la question".
Imaginez qu'un habitant d'un pays d'Asie prenne un passage d'un texte aussi important pour la France que La Marseillaise, qu'il en extraie ces phrases : "Aux armes, citoyens ! Formez vos bataillons ! Marchons ! Marchons ! Qu'un sang impur abreuve nos sillons", et qu'il en conclue : "La France pousse les Français à prendre les armes, et à marcher contre tous ceux dont ils jugeraient qu'ils ont du sang impur"... !!!!
Chacun sait à quel contexte et à quelles valeurs rattacher ces paroles, et que tous les petits Français qui les apprennent à l'école, tous les athlètes Français qui les chantent dans les stades ne font pas l'apologie de comportements sanguinaires !
Le Coran n'est malheureusement pas le seul texte religieux victime d'interprétations déviantes d'extrémistes violents utilisant des procédés similaires.
Plusieurs passages de la Bible, par exemple, ont été sortis de leur contexte (de révélation et d'application) pour légitimer la barbarie, tel celui-ci (Deutéronome 13, 6) : "Si ton frère, fils de ta mère, ou ton fils ou ta fille, ou la femme qui repose sur ton sein, ou ton ami que tu aimes comme toi-même, t’incite secrètement en disant : allons et servons d’autres dieux -des dieux que ni toi ni tes pères n’avez connus, parmi les dieux des peuples qui vous entourent, près de toi ou loin de toi, d’une extrémité de la terre à l’autre, tu n’y consentiras pas, et tu ne l’écouteras pas, tu ne jetteras pas sur lui un regard de pitié, tu ne l’épargneras pas, et tu ne le couvriras pas. Mais tu le feras mourir, ta main se lèvera la première sur lui pour le mettre à mort, et la main de tout le peuple ensuite; tu le lapideras et il mourra...".
Les conséquences sont malheureusement celles que nous connaissons grâce à nos livres d'histoire : On parle de "guerre de religion" alors qu'il s'agit de guerres déclenchées par des hommes qui ont manipulé le message religieux au service de leurs intérêts de conquête de territoires et de pouvoir.
Le danger de ces procédés simplistes d'interprétation est qu'ils produisent auprès de profils "fragiles" des ravages catastrophiques (sur notre sol français, mais aussi ailleurs en Europe, et à des échelles bien plus terribles encore ailleurs dans le monde).
Ce type de lecture extrémiste violente est porté par certains prêcheurs qui manquent de connaissances et de discernement, mais c'est surtout sur internet (forums, réseaux sociaux), et dans les prisons qu'il sévit et se structure pour "recruter".
Les cibles privilégiées de recrutement présentent (et ce n'est pas du tout un hasard) tout ou une grande partie des caractéristiques suivantes :
- méconnaissance des fondamentaux de l'Islam (esprit des enseignements, histoire de la révélation, règles d'interprétation des textes..)
- capacités de discernement modestes
- méconnaissance de la langue arabe (donc un accès plus difficile aux textes originaux.. sachant -comme c'est expliqué dans la question sur l'intégrité des textes - que "tous types" de traductions circulent, particulièrement en France ou des traductions "officielles" du Coran vendues dans les plus grandes librairies contiennent de graves erreurs de traduction qui invitent à une interprétation extrémiste violente)
- esprit fragile, facilement manipulable
- manque de reconnaissance
- niveau de réussite / d'épanouissement social faible
- sentiments de frustration, d'injustice, de haine... et difficulté à les exprimer avec des mots
- envie latente de "faire payer" autrui pour ces frustrations ressenties
- casier judiciaire bien garni
- radicalisation en prison
Nous souhaitons souligner, pour alerter tout le monde, une forme d'alliance "de circonstance" entre :
- l'interprétation déviante de l'Islam faite par les extrémistes violents
- des personnes qui n'apprécient pas l'Islam (et c'est leur liberté, reconnue par l'Islam lui-même), et qui diffusent l'idée que la religion musulmane est (ou porte en elle) ce message extrémiste violent. Alors que leur intention est de lutter, comme nous, contre l'extrémisme violent, ces personnes contribuent dans les faits à l'expansion des extrémistes violents en entérinant leurs thèses. Nous invitons ces personnes à repositionner les débats sur l'Islam en les basant sur l'Islam lui-même plutôt que sur son détournement par les extrémistes violents afin de couper une des sources majeures d'alimentation de leur manipulation. Les débats d'idées et les désaccords ne doivent pas nous faire oublier que nous sommes alliés dans l'objectif d'assurer un monde plus sûr et apaisé pour nos enfants. Nous avons tous un impact sur ce futur, par nos pensées, nos paroles, nos actes ou notre inaction.
Pour prospérer, la manipulation des extrémistes violents a besoin de 3 ingrédients : l'ignorance des certains, la mauvaise foi d'autres, et l'inaction des gens de bien. L'extrémisme violent prospère bien actuellement parce que les 3 ingrédients sont réunis.
En diffusant la connaissance et le discernement, nous pouvons (très rapidement à l'ère d'internet) inverser la tendance.
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4. Quelle doit être selon l'Islam la réaction des musulmans en réponse à des injustices ou des insultes ?
Les musulmans, comme tous les êtres humains, peuvent se sentir blessés ou offensés quand ce qui leur est cher est insulté... par exemple quand leur foi est insultée à travers une présentation dégradante ou injurieuse du Prophète ou à travers les tentatives - encore plus dégradantes et injurieuses - d'usurpation de leur religion par des individus qui veulent prendre le pouvoir et "légitimer" leurs actes barbares par le type de manipulation que nous venons de décrire.
Poussés par la colère, certains se laissent aller à des paroles ou à des actes violents franchissant allègrement la frontière qui sépare la colère de la violence.
La question est "Comment réagir avec les sentiments de colère et d'injustice" ? Le Coran nous éclaire-t-il sur cette question précise ? Oui !
Sourate 3, Verset 186 : "Vous serez certainement éprouvés dans vos biens et dans vos personnes et vous entendrez bien des injures de la part de ceux qui ont reçu les Ecritures avant vous, et de la part des idolâtres, et si vous êtes endurants et pieux, vous verrez alors que c'est bien là la meilleure résolution à prendre".
Etre endurants et pieux... Le Coran indique clairement que c'est LA bonne réaction. Il ne dit nulle part "restriction des libertés, assassinats, vengeance, terrorisme"... Bien évidemment, ces pratiques existent, malheureusement, et il est tout simplement malhonnête de les légitimer par une interprétation déviante des textes de l'Islam comme nous l'avons vu précédemment (c'est le cas en ce moment pour le Coran, mais ce type de procédé pervers a malheureusement été largement employé sur les textes d'autres religions).
Au delà de la réaction d'endurance et de piété face à l'injustice et aux insultes, nous souhaitons étendre la question aux leviers d'actions dont dispose chaque musulman (chacun à son niveau) pour améliorer le "vivre-ensemble" de manière durable (qui est un thème cher à l'Islam, comme vous pouvez le constater dans la rubrique suivante : Les enseignements de l'histoire).
Il existe un problème fondamental de lecture de la situation parmi les musulmans eux-mêmes :
- beaucoup de musulmans se ressentent et se présentent comme victimes de l'acharnement, de la haine, de la malhonnêteté, et de la mauvaise foi des autres...
- cet état d'esprit ne leur laisse plus suffisamment de place pour se poser la question : "qu'est-ce qui dans nos comportements et ce que nous montrons peut alimenter l'hostilité et la méfiance à notre égard ?".
- Sans pour autant justifier l'injustice, ni inverser des positions de victime et d'agresseur, est-ce que les musulmans eux-mêmes n'offrent pas par des comportements contraires à l'Islam, un point d'appui à ceux qui souhaitent décrédibiliser le Coran et l'Islam ?
Les mêmes musulmans se plaisent à rappeler l'histoire de la civilisation musulmane : Quand les musulmans étaient à l'avant-garde des inventions et des découvertes. Quand leurs universités étaient leaders dans le monde. Quand les gens venaient du monde entier pour étudier à Bagdad. Etc.
Ils aiment raconter cette histoire prestigieuse... mais que peuvent-ils raconter de prestigieux sur les musulmans aujourd'hui ?
Quelle est notre contribution au monde ? Quand l'Islam fait "la une" des médias occidentaux aujourd'hui, c'est lorsque des extrémistes violents tuent et sèment le chaos..
Est-il étonnant qu'aujourd'hui "musulman" soit si fréquemment associé à "barbare" ou "arriéré" par ceux qui ne connaissent pas les textes de l'Islam ?
Beaucoup de musulmans se comportent à l'opposé de ce qu'enseigne leur religion.. et sont les premiers à s'étonner qu'on les moque (et leur religion avec)..
Remarque : Nous qui écrivons ce site sommes loin de nous considérer comme parfaits dans notre foi et dans sa mise en pratique. Ce que nous nous efforçons de faire, c'est de nous remettre en question régulièrement sur ces aspects pour progresser toujours davantage dans le développement du meilleur de nous-mêmes (ce processus du développement du meilleur de soi est d'ailleurs ce qui correspond au vrai sens du mot "Jihad" auquel est consacrée une question à part entière).
Il est tentant de relier cet état des lieux à un des versets du Coran... si tentant que nous allons les faire, en guise de clin d'œil à l'attention des musulmans :
Sourate 3, Verset 139 : "... et vous avez le dessus si vous avez la vraie foi".
Un peu de mathématiques (nous devons à la civilisation Islamique beaucoup d'inventions dans les mathématiques notamment) : appliquons la règle de 3 :
- Y a-t-il eu une période où les musulmans avaient "le dessus" ? (c'est à dire une suprématie en termes de civilisation, de développement etc ?) : Oui !
- Cela coïncidait-il avec "la vraie foi" ? De l'avis unanime des historiens de tous bords : Oui !
- Peut-on dire qu'aujourd'hui les musulmans ont "le dessus" ? (en termes de civilisation, de développement etc.) : Non !
- Cela coïncide-t-il avec "la vraie foi" ? Réponse : _____ ! (Alors ?)
Chaque musulman a le pouvoir d'agir à son niveau sur sa situation et sur l'image qu'il donne de lui et de sa religion, en agissant d'abord sur lui-même (dans sa maison, sa famille, son quartier, son travail, etc.).
La situation peut-elle s'améliorer sans cet effort ? Le Coran apporte une réponse claire à cette question dans la Sourate 13, Verset 11 : "... Dieu ne modifie point l'état d'un peuple tant que les hommes qui le composent n'auront pas modifié ce qui est en eux-mêmes..." ce qui correspond à un des enseignements clés en coaching ou en thérapie, et plus généralement partout où un changement est souhaitable !
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5. Les enseignements de l'histoire
Comme nous l'avons vu précédemment, l'Islam fait l'objet actuellement de lectures déviantes de la part d'extrémistes violents, qui s'appuient pour prospérer sur la méconnaissance de cette religion par les non-musulmans et par les musulmans peu instruits sur leur religion.
L'histoire nous offre - fort heureusement - de nombreux témoignages d'une interprétation juste de l'Islam, de la révélation au Prophète (7ième siècle après J-C.) à nos jours :
Dans la mesure du possible et dans notre quête de la plus grande objectivité, nous avons privilégié des témoignages de non-musulmans (qui n'ont donc pas d'intérêt particulier à embellir l'image de l'Islam).
En Egypte, les chrétiens (Coptes) sont aujourd’hui plus de 10 millions, alors qu'ils n'étaient que 100 000 en 1700 : c'est une preuve de l’application du principe "Point de contrainte en religion".
Même constat en Espagne, où les musulmans ont régné pendant 800 ans.
L’historien Espagnol Americo Castro Quesada (1885-1972, historien espagnol, spécialiste de la culture espagnole) loue la coexistence des Musulmans, des juifs et des chrétiens en Espagne musulmane, l’appelant "modèle prestigieux de tolérance Islamique".
Gustave Le Bon (1841-1931, médecin, anthropologue, psychologue social, sociologue) : "Les Arabes réussirent en quelques siècles à transformer matériellement et intellectuellement l'Espagne, et à la placer à la tête de toutes les nations de l'Europe. Mais la transformation ne fut pas seulement matérielle et intellectuelle, elle fut également morale. Ils apprirent, ou au moins essayèrent d'apprendre aux peuples chrétiens, la plus précieuse des qualités humaines : la tolérance. Leur douceur à l'égard de la population conquise était telle qu'ils avaient permis à ses évêques de tenir des conciles : ceux de Séville en 782 et de Cordoue en 852 peuvent être cités comme exemples. Les nombreuses églises chrétiennes construites sous la domination arabe sont également des preuves du respect avec lequel ils traitaient les cultes placés sous leur loi. Beaucoup de chrétiens s'étaient convertis à l'Islamisme (NDLR : ce mot n'avait pas alors la connotation suspecte diffusée aujourd'hui, mais était le pendant du mot Christianisme par exemple), mais ils n'avaient que bien peu d'intérêts à le faire, car les chrétiens vivant sous la domination arabe et nommés pour cette raison Mozarabes étaient traités, de même du reste que les juifs, sur le même pied que les musulmans, et pouvaient comme eux aspirer à toutes les charges de l'État. L'Espagne arabe étant le seul pays de l'Europe où les juifs étaient protégés, ces derniers avaient fini par y devenir très nombreux. À leur grande tolérance, les Arabes d'Espagne joignaient des mœurs très chevaleresques. Ces lois de la chevalerie : respecter les faibles, être généreux envers les vaincus, tenir religieusement sa parole, ...".
Sir Thomas Walker Arnold (1864–1930, historien et orientaliste britannique) : "... Nous n’avons jamais entendu parler d’une quelconque tentative de forcer une population non-musulmane à accepter l’Islam; ni non plus de la moindre persécution dans le but d’éradiquer le Christianisme. Si les califes avaient, eux, choisi une de ces deux alternatives, ils auraient certainement balayé le Christianisme aussi aisément que Ferdinand et Isabelle de Castille -conquérants chrétiens de l’Espagne musulmane- ont éliminé l’Islam d’Espagne; ou encore imité Louis XIV qui décréta le Protestantisme hors-la-loi, ou enfin, ils auraient agi comme les anglais envers les juifs qui furent interdits de séjour en Angleterre pendant 350 ans.... De plus, comme les églises orthodoxes de l’Asie et de l’Est et celle de Rome s’excommuniaient mutuellement, ces églises orthodoxes étaient isolées du reste de la Chrétienté. Personne n’aurait donc levé le doigt pour les aider si les musulmans les avaient attaquées. Par conséquent, la simple existence de ces églises encore aujourd’hui est une solide preuve de l’attitude généralement tolérante des gouvernements 'mahométans' envers elles."
Tout cela n'est pas étonnant, car pour ceux qui en connaissent l'esprit et les enseignements, l’Islam prône la liberté religieuse pour toute personne et protège le cadre dans lequel chaque religion pratique son culte (une autre façon de pratiquer la laïcité).
Comme dans nombre de pays où l'Islam est présent, les habitants du Nigéria et d'Indonésie se sont convertis à l'Islam, "apporté" par les commerçants arabes, parce qu'ils ont admiré leur comportement conforme à leur foi et leur exemplarité dans les relations. Aucune armée musulmane n’est jamais allée ni au Nigeria, ni en Indonésie (qui est actuellement le plus grand pays musulman).
L’historien Pierre Riché écrit (Grandes invasions et empires – Histoire universelle – p 169-170. Ed. Larousse, 1968) : "Il faut bien dire que les populations de province orientale de l’empire byzantin n’ont opposé aucune résistance aux conquérants. Les juifs et les monophysites se virent ainsi débarrassés de la tyrannie des romains… Si les premières conquêtes arabes, réalisées au gré des circonstances, et avec des troupes peu nombreuses, ont pu permettre l’établissement permanent de la domination musulmane, c’est que les vainqueurs n’ont pas fait figure de destructeurs. Ils ont respecté partout les civilisations et l’organisation administrative des empires vaincus. Les populations juives, chrétiennes ont été tolérées et n’ont pas été obligées de se convertir à l’Islam. Les charges fiscales ne furent pas alourdies…". Cette lecture historique trouve un très large consensus chez les historiens occidentaux comme E. Gibbon et tant d’autres.
Lawrence Edward Browne (dans ‘The Prospects of Islam’, S. C. M. Press Limited, Londres, 1944) : "Incidemment, ces faits bien établis contredisent et rejettent l’idée si largement propagée dans des écrits chrétiens, que les musulmans, n’importe où ils allaient, forçaient les gens à accepter l’Islam à la pointe de l’épée".
Arthur Stanley Tritton (1881-1973, historien britannique) : "L’image du soldat musulman avançant avec une épée dans une main et le Coran dans l’autre est tout à fait fausse". De Lacy Evans O'Leary (1872–1957, orientaliste britannique, docteur enseignant à l'Université de Bristol, auteur de nombreux livres sur l'histoire des Arabes et des Coptes) : "L’histoire est claire sur ce point : la légende des musulmans fanatiques s’abattant sur le monde, imposant l’Islam, à la pointe de l’épée, aux peuples vaincus est un des plus fantastiques et absurdes mythes que les historiens ont pu répéter".
Koneru Ramakrishna Rao (né en 1932, philosophe, psychologue, parapsychologue, professeur et chercheur, actuellement 'Chairman of the Indian Council of Philosophical Research' pour le gouvernement indien) : "Mon problème pour écrire cette monographie est facilité du fait que nous ne sommes généralement plus alimentés par ce genre d’histoire (déformée, sur l’Islam), et il est inutile de réfuter ces déformations sur l’Islam. La théorie de l’Islam et l’Épée, par exemple, n’est plus soutenue maintenant dans un quelconque cercle d’historiens digne de ce nom. Le principe de l’Islam, 'nulle contrainte en religion', est bien connu".
Dr. Ceasar E. Farah (1929-2009, Docteur d’histoire américain, Université du Minnesota) : "Ni le sabre, ni même un quelconque prosélytisme, peuvent expliquer l’expansion continuelle de l’Islam à travers les siècles. Cette croissance phénoménale doit être attribuée à son pouvoir d’attraction, et à ses capacités à répondre aux besoins spirituels et matériels de peuples adhérant en masse non à une culture pourtant propre à ses fondateurs, des Arabes du désert, mais à une culture religieuse et à un développement sociopolitique qu’ils ont évalués au moment de leur conversion".
Pierre Laffitte (1823-1903, Professeur de mathématiques et de philosophie à la Sorbonne et au Collège de France où une chaire d’Histoire générale des sciences sera créée pour lui en 1892) : "Si aucune religion n'a compté des triomphes plus rapides et plus éclatants, aucune ne s'est montrée plus généreuse et plus tolérante ... Où sont ces atrocités épouvantables qui nous ont valu tant de tirades larmoyantes et éveillé si longtemps la compassion indignée des âmes sensibles ?".
Gandhi : "Je suis désormais plus que jamais convaincu que ce n’était pas l’épée qui créait une place pour l’Islam dans le cœur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C’était cette grande humilité, cet altruisme du Prophète, l’égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission."
Si l'interprétation des extrémistes violents était correcte, cela signifierait que le Prophète, ses successeurs et les musulmans n'auraient rien compris au message pendant des siècles ou auraient allègrement désobéi à Dieu ?
Nous espérons que ce travail d'étude, de réflexion, de compilation, de vérification, et de rédaction puisse contribuer à :
. une protection contre les lectures déviantes des extrémistes violents (nous pensons en particulier à la protection des jeunes, musulmans ou non-musulmans)
. une meilleure connaissance de l'Islam et à un dialogue apaisé entre les religions et avec les personnes athées