Islam et relations avec les non - musulmans
Question : Que dit le Coran au sujet des non - musulmans et quelle est l’attitude que doivent avoir les musulmans à l’égard des non - musulmans ? Qu'en est-il de la Sourate 60, Verset 4, qui annonce que c'est l'inimitié à jamais entre chrétiens et musulmans ?
Sommaire de la réponse
1. Principes de la relation du musulman envers d'autres humains
2. Principes de la relation du musulman envers les non - musulmans
3. Explication du verset mentionnant l'inimitié
4. Evolution du discours de l'église sur l'attitude que doivent avoir les chrétiens à l'égard de l'Islam et des musulmans
5. Continuer à bâtir des ponts entre musulmans et non - musulmans
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1. Principes de la relation du musulman envers d'autres humains
L’islam est une religion de miséricorde envers tous les êtres humains, qu’ils soient musulmans ou non. Grâce au message qu’il a transmis à l’humanité, le Prophète Muhammad a été décrit dans le Coran comme étant une miséricorde, Sourate 21, 107 "[Ô Muhammad] Nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour l'Univers".
Avant d'aborder les principes spécifiques de la relation entre musulman et non - musulmans, nous devons d'abord comprendre les principes généraux de la relation du musulman envers tous les autres humains (dont font partie les non - musulmans).
Nous avertissons le lecteur (non averti :-)) qu'il risque d'être surpris par la ressemblance (voir par la parfaite similitude) de ces principes avec ceux du chrsitianisme ou des courants humanistes par exemple.
Par souci de simplicité, nous allons souligner et détailler 3 de ces principes (et nous invitons le lecteur qui souhaite avoir une vision plus globale et approfondie à lire nos autres articles notamment celui intitulé 'Islam et droits de l'Homme') :
1er principe : bons comportements pour des relations cordiales
Ce devoir de bon comportement avec tout autre humain figure à de très nombreux endroits dans le Coran comme par exemple dans la Sourate 4, 36-37 "Adorez Dieu, sans rien Lui associer ! Soyez bons envers vos parents, vos proches, les orphelins, les pauvres, les voisins qu’ils soient de votre sang ou éloignés, ainsi que vos compagnons de tous les jours, les voyageurs de passage et les esclaves que vous possédez, car Dieu n’aime pas les arrogants vantards / ainsi que les avares qui recommandent l’avarice à leurs semblables et dissimulent les faveurs dont Dieu les a gratifiés...". (Nb. La mention 'les esclaves que vous possédez' ne vise en aucun cas à approuver l'esclavage mais à prendre en compte une réalité de l'époque de la révélation du Coran, et ce afin d'inclure ceux qui étaient dans cette position d'esclaves dans le champs des bons comportements de leurs 'maîtres'. Concernant l'esclavage et son abolition par l'Islam, voir notre article 'Islam et droits de l'Homme').
A ce sujet, le Prophète Muhammad a transmis certains principes relationnels : "Mon Seigneur m’a communiqué neuf enseignements que je vous transmets. Il m’a recommandé
. d’être sincère, que ce soit en public ou en privé,
. d’être juste, que ce soit dans la joie ou dans la colère,
. de faire preuve de modération, que ce soit en période d’abondance ou de pénurie,
. de rétablir mes relations avec ceux qui les ont rompues,
. de donner à ceux qui me privent,
. de pardonner à ceux qui me nuisent,
. de faire que mon silence soit méditation,
. de faire de mon discours un rappel de Dieu,
. de tirer des leçons des événements de la vie".
2ème principe : compassion et entraide
Le musulman a un devoir de compassion et d'entraide à l'égard des personnes qui sont dans le besoin ou qui sont confrontées à des difficultés, que ces personnes, encore une fois, soient musulmanes ou non.
Le Prophète Muhammad a dit : "Le Tout Miséricordieux se montre Clément envers ceux qui font preuve de miséricorde. Faites miséricorde à ceux qui se trouvent sur terre, Celui qui se trouve au ciel vous fera miséricorde."
3ème principe : la justice
Il strictement interdit au musulman de faire preuve d'injustice à l'égard de n'importe quelle personne, qu'il s'agisse d'un musulman ou d'un non - musulman, et ce, même s'il éprouve de l'aversion envers cette personne.
Le musulman a donc une obligation permanente de faire preuve d'équité, et ce, quelque soient les conditions dans lesquelles il se trouve : Sourate 5, 8 "Ô vous qui croyez ! Soyez fermes dans l’accomplissement de vos devoirs envers Dieu, et impartiaux quand vous êtes appelés à témoigner ! Que l’aversion que vous ressentez pour certaines personnes ne vous incite pas à commettre des injustices ! Soyez équitables, vous n’en serez que plus proches de la piété ! Craignez Dieu ! Dieu est si bien Informé de ce que vous faites".
L'histoire de l'Islam regorge d'exemples de jugements favorables à des non musulmans (athées, juifs ou chrétiens) contre des musulmans (parfois même contre le gouverneur musulman lui-même). La dignité des non musulmans était, de ce fait, préservée et garantie par l'état musulman :
. Histoire du bouclier du calife -Prince des Croyants- Ali : Son bouclier est tombé de sa monture. Il le retrouva chez un chrétien et dut porter l’affaire devant le juge Shurayh. Ali dit : "Ce bouclier m’appartient, je ne l’ai ni vendu ni donné". Le juge demanda au chrétien ce qu’il pensait du propos du Calife. Le chrétien dit : "Le bouclier est à moi, sauf le respect du Prince des Croyants". Shurayh se tourna vers Ali et lui demanda s’il avait des preuves. Ali rit et dit : "Shurayh a vu juste ; je n’ai aucune preuve". Shurayh jugea alors en faveur du chrétien étant donné que le bouclier était en sa possession et que Ali n’avait fourni aucune preuve du contraire. L’homme prit le bouclier et fit quelques pas en direction de la sortie, puis fit demi-tour. Il dit : "Je témoigne que ce n’est là que la justice des Prophètes ! Le Prince des Croyants porte plainte contre moi et son juge me donne l’avantage sur lui ! J’atteste qu’il n’y a de divinité que Dieu et que Muhammad est le Messager de Dieu. Le bouclier est à toi ô Prince des Croyants. J’ai suivi l’armée lors de ton départ de Siffîn. Le bouclier est tombé de ton chameau blanc". Ali lui dit : "Étant donné que tu as embrassé l’islam, le bouclier est désormais à toi !".
Ces principes de la relation du musulman aux autres humains, qu'ils soient musulmans et non, exigent de ceux qui souhaitent s’y conformer, des efforts et un travail d’éducation de soi (et de transmission aux enfants). C’est là un défi quotidien.
2. Principes de la relation du musulman envers les non - musulmans
Comme nous l'avons précisé dans le chapitre 'Islam et Charia', la diversité des chemins qui mènent à Dieu relève d'une décision et d'une volonté divine (le principe de la Foi en un Dieu unique étant, évidemment, commune à toutes les voies). Sourate 5, 48 "À toi aussi Nous avons révélé le Coran, expression de la pure Vérité, qui est venu confirmer les Écritures antérieures et les préserver de toute altération..... À chacun de vous Nous avons tracé un itinéraire et établi une règle de conduite qui lui est propre. Et si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule et même communauté ; mais Il a voulu vous éprouver pour voir l’usage que chaque communauté ferait de ce qu’Il lui a donné. Rivalisez donc d’efforts dans l’accomplissement de bonnes œuvres, car c’est vers Dieu que vous ferez tous retour, et Il vous éclairera alors sur l’origine de vos disputes".
Cette reconnaissance respectueuse par l'Islam des messages qui l'ont précédé (notamment du Christianisme et le Judaïsme) est un point essentiel car il détermine la nature de la relation que doit avoir le musulman avec ceux qui ont reçu précédemment les messages de Dieu.
En tant qu'humains tout simplement, les non musulmans bénéficient dans leurs relations avec les musulmans des 3 grands principes que le musulman doit appliquer dans toute relation avec un autre humain :
. bon comportement pour des relations cordiales
. compassion et entraide
. justice
De plus, l'Islam (par les enseignements du Coran et du Prophète Muhammad) donne des principes spécifiques a la relation que le musulman doit établir avec les non musulmans (dont font partie 'les gens du Livre' -chrétiens et juifs-).
Pour la clarté du propos, nous allons présenter ces principes spécifiques en 3 thèmes :
. vivre ensemble au quotidien (cas particulier des non musulmans vivant dans un état respectant les enseignements de l'Islam)
. apprendre les uns des autres en prenant le meilleur chez chacun
. échanger à propos de la religion
1er thème : Vivre ensemble au quotidien
L'Islam recommande l'amitié, la bonté et l'équité dans la relation quotidienne aux non musulmans, sauf dans 2 cas précis : quand il s'agit de non musulmans qui attaquent ou qui expulsent les musulmans de leurs foyers. Sourate 66, 8-9 "Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Dieu aime ceux qui sont équitables / Mais Il vous interdit toute liaison avec ceux qui vous combattent à cause de votre religion, qui vous chassent de vos foyers, ou qui contribuent à le faire. Une telle alliance constituerait une véritable injustice"
La différence de croyance ne doit en aucun cas se traduire par une altération des droits. Le Coran indique clairement, par exemple, que les droits que les parents ont auprès de leur enfant ne peuvent être diminués du fait de la différence religieuse :
. Sourate 31, 14-15 "Nous avons recommandé à l’homme d’être bienveillant à l’égard de ses parents, car sa mère a enduré de multiples souffrances en le portant dans son sein, en le mettant au monde et en l’allaitant deux années durant jusqu’au sevrage. Sois donc reconnaissant envers Moi et envers tes parents ! C’est vers Moi que se fera votre retour / Mais s’ils exercent sur toi une contrainte pour t’amener à M’associer des divinités dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas, tout en continuant à te comporter envers eux en ce bas monde de façon convenable. Suis en cela la voie de celui qui revient repentant vers Moi, car c’est vers Moi que se fera ensuite votre retour, et Je mettrai alors chacun de vous en face des oeuvres qu’il aura accomplies."
le Coran dit que le Prophète :
. est le plus proche de Dieu parmi les hommes
. a la compréhension la plus fine du message divin
. est chargé de l'explication du Coran aux musulmans
. est un exemple par ses paroles et ses comportements
Or, le Prophète Muhammad a fait preuve en toutes circonstances (même envers ses ennemis) de bonté, de compassion, de générosité et de politesse envers les non - musulmans.
Le Prophète a donné une clef de lecture permettant au musulman de vérifier lui-même si son comportement envers un non musulman est bon ou mauvais. Il dit "annoncez la bonne nouvelle et ne faites pas fuir l'autre, rendez le chemin facile et ne le rendez pas tortueux".
Chaque musulman peut donc vérifier aisément si ses comportements (attitude, regard, parole, acte, tenue) tendent à rapprocher le non musulman ou à le faire fuir !
Aucun musulman ne devrait prendre le risque de faire fuir un non musulman : cela équivaudrait à lui barrer la route de la connaissance de l'Islam !
Car particulier des non musulmans vivant dans un état respectant les enseignements de l'Islam
La société musulmane fonde les relations entre ses citoyens musulmans et leurs concitoyens non musulmans sur des bases solides de tolérance, de justice, de bienfaisance et de miséricorde.
Les termes Dhimmis et Dhimmitude sont mentionnés dans nos médias pour évoquer les non musulmans vivant dans les pays arabes et musulmans.
La définition précise de la racine commune de ces termes -Dhimma- est : conscience, garantie et sécurité. Le sens étymologique du mot Dhimmis est : ceux qui sont placés dans la conscience des musulmans. En d'autres termes, les non musulmans qui sont sous la responsabilité d'un gouvernement musulman.
Leur statut et le traitement qui leur est réservé est défini par l'Islam de manière cohérente et précise dans un pacte (une sorte de contrat) conclu avec eux.
Ce contrat est un contrat perpétuel comprenant pour les non-musulmans :
. la reconnaissance de leur religion (garantie de la liberté de confession)
. le bénéfice de la protection et de l’assistance de l'état musulman, contre le paiement d'une taxe appelée Jizya (les musulmans quand à eux devant s'acquitter d'une taxe appelée Zakat).
La reconnaissance de la religion des non musulmans inclut la possibilité de construction de leurs lieux de culte selon leurs besoins. Ceci fut mis en œuvre tout au long de l’histoire de l'Islam. En effet, plusieurs églises ont été construites en Egypte au cours du premier siècle de l’Islam (ex. L’église de 'Mâr Murqus' à Alexandrie entre les années 39 et 56 après l’hégire. La première église fut construite à Al-Fustât dans le quartier des romains entre les années 47 et 68 après l’hégire. De plus, lorsque 'Abd Al-Azîz Ibn Marwân' jeta les fondations de la ville de Hulwân, il y autorisa la construction d’une église tout comme il autorisa certains prêtres à construire deux monastères).
A la lumière de ce qui vient d'être présenté (reconnaissance, protection, assistance), nul besoin de préciser que c'est sans commune mesure avec le traitement que d'autres doctrines ou idéologies révolutionnaires et modernes réservaient et réservent à leurs opposants.
Le savant français Gustave Lebon a décrit cette ouverture envers les non musulmans 'en terre d'Islam'. Il dit : "Nous avons vu dans les versets coraniques mentionnés précédemment que la tolérance de Muhammad envers les juifs et les chrétiens était extrêmement grande. Les fondateurs des religions précédentes et notamment le Judaïsme et le Christianisme ne prêchèrent rien de comparable. Nous verrons comment ses successeurs suivirent fidèlement son exemple".
Tritton reconnaît également la tolérance des gouverneurs musulmans quand il écrit : "Il faut reconnaître que l’attitude des gouverneurs -à l’égard des Dhimmis- était souvent meilleure que ce qu’imposait la loi. Des lieux de culte étaient construits dans des villes purement arabes.... On trouvait toujours des Juifs et des Chrétiens dans la fonction publique, et ils occupaient parfois les plus hauts postes. Ils pouvaient amasser des richesses ; ..... les musulmans saisissaient l’occasion des fêtes chrétiennes pour en faire des moments de gaieté".
2ème thème : Apprendre les uns des autres en prenant le meilleur chez chacun
Comme nous l'avons précisé dans le chapitre 'Islam et Charia', la signification précise de la Charia est :
. un cheminement qui mène à Dieu
. qui doit s'adapter par l'intelligence au lieu, à l'époque, et intégrer les apports vertueux de la culture existante.
Dieu appelle tous les hommes à échanger ce qui est vertueux -chez les uns comme chez les autres- et à se connaître en leur disant dans la Sourate 4, 1 "ô gens ! Nous vous avons créés d’un homme et d’une femme, et avons fait de vous des peuples et des tribus pour que vous vous connaissiez et que vous échangiez, le plus noble parmi vous est le plus pieux".
3ème thème : Echanger à propos de la religion
Quand un musulman souhaite (ou est amené à) discuter au sujet de la religion et de la foi avec un non musulman, il doit le faire de la meilleure façon possible -la plus respectueuse et amicale- comme le lui rappelle le Coran à plusieurs reprises :
. Sourate 29, 46 "Ne discutez avec les gens des Écritures que de la manière la plus courtoise, à moins qu’il ne s’agisse de ceux d’entre eux qui sont injustes. Dites-leur : 'Nous croyons en ce qui nous a été révélé et en ce qui vous a été révélé. Notre Dieu et le vôtre ne font qu’un Dieu Unique et nous Lui sommes totalement soumis'"
. Sourate 16, 125 "Appelle à la Voie de ton Seigneur avec sagesse et par les meilleures exhortations. Sois modéré dans tes débats avec eux. Du reste, c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’écarte de Sa Voie, comme Il connaît le mieux ceux qui sont bien guidés"
Il est évident que si celui à qui nous parlons ressent, dans nos intonations, que nous éprouvons une sorte de sentiment de supériorité ou de condescendance à son égard, ou pire, que nous le prenons pour un ennemi, ou pour quelqu’un à l'intelligence limitée, alors plus nous allons lui expliquer, plus nous le ferons s’éloigner de la vérité.
Alors que s’il réalise que nous avons du respect sincère pour lui, s’il le ressent dans nos intonations, alors son cœur peut s’ouvrir.
3. Explication du verset mentionnant l'inimitié
Lorsqu’un acte de violence est commis au nom de l’Islam, les auteurs affirment souvent que les musulmans n’ont jamais eu vocation à s’entendre avec les fidèles des autres religions, précisément les Juifs et les Chrétiens. Ils citent automatiquement des textes du Coran qui prouveraient, selon eux, que les Juifs et les Chrétiens sont intrinsèquement hostiles aux musulmans. Automatiquement, certains non-musulmans reprennent ces mêmes citations pour prouver que les musulmans constituent une menace à leur mode de vie, justifiant ainsi leur propre hostilité à l’égard de l’islam.
Mais cette interprétation des textes est-elle la bonne ?
Une question de pose : les recommandations du Coran relatives à des incidents aussi précis doivent-elles s’étendre aux rapports entre musulmans, Chrétiens et Juifs à notre époque ?
La Torah et les Evangiles sont cités chacun une douzaine de fois environ — toujours dans un sens favorable — et sont décrits comme “guide et lumière” de l’humanité. Ceux de leurs fidèles qui sont vertueux, tout comme les musulmans vertueux, "n’auront rien à craindre et ne seront point affligés". (Sourate 2, 38)
Moïse est mentionné par son nom en arabe —Moussa—136 fois, dans le cadre de la répétition des histoires bien connues pour le lecteur de la Bible : sa confrontation avec Pharaon au sujet de l’esclavage des enfants d’Israël en Égypte en particulier est répétée de nombreuses fois.
Jésus, quant à lui est aussi mentionné par son nom en arabe – Issa—25 fois, ainsi que par des titres tels que Messie, fils de Marie, Parole de Dieu, et Esprit de Dieu tout au long de 15 chapitres. Les récits bibliques de sa vie sont relatés dans le Coran, notamment sa naissance immaculée, la guérison de l’aveugle et du lépreux, et la résurrection des morts ; le chapitre cinq est en fait intitulé "La dernière cène". Marie est mentionnée 34 fois par son nom, un chapitre entier lui est consacré et elle décrite comme la femme du rang le plus élevé de toute la Création.
Dans le Coran pas un seul passage faisant allusion à Jésus ou aux Evangiles, à Moïse ou à la Torah, qui ne soit positif et respectueux. Ce fait est essentiellement rassurant pour ceux qui croient que Dieu n’enverrait pas à l’humanité une religion, lui permettrait de s’imposer à des millions d’âmes pendant des siècles, pour ensuite en envoyer une autre pour la "parfaire" ou la "compléter" - ainsi que certains musulmans d’aujourd’hui interprètent le rôle prévu pour l’Islam à l’égard du Judaïsme et du Christianisme. Il y a cependant une différence théologique avec la foi Chrétienne : si Jésus a le rang de prophète hautement respecté, il n’est pas le fils de Dieu. Malgré tout, le message d’ensemble prêche la coexistence, et non le clivage et la division.
Comme il est tragique de voir certaines personnes faire feu de tout bois pour nourrir un sentiment de peur ou de haine à l’égard de ce que nous ne comprenons pas, projetant cette crainte sur les saintes écritures - les nôtres ou celles des autres - en l’occurrence sur le Coran. Si nous écoutons ses paroles sans préjugés, nous pourrons être rassurés, voire subjugués, par son message à la fois retentissant et familier.
Y aurait-il donc une contradiction entre ces différentes références que nous avons vues ? En fait, la réponse à cette question réside dans une analyse approfondie de l'ensemble des textes qui abordent le sujet, en prenant connaissance notamment des circonstances qui prévalaient lors de leur énonciation, mais aussi d'une étude complète de l'exemple pratique que nous a montrée le Prophète Muhammad en la matière... C'est ce qui a été fait par certains savants musulmans. En considérant leurs écrits, on se rend compte qu'il y a au moins cinq principes essentiels qui donnent une orientation précise aux relations que doivent entretenir les musulmans avec les non musulmans qui ne sont pas hostiles. Et c'est justement à la lumière desdits principes et de l'orientation qu'ils définissent que l'on doit concilier les références qui sont en apparentes contradiction à ce sujet…
Il y a de très nombreux versets du Coran qui peuvent paraître interdire aux croyants d'entretenir de quelconques relations avec les non-musulmans.
C'est l'impression qui ressort notamment à la lecture de ces passages :
. Sourate 3, 118 "Ô vous qui croyez ! Ne prenez pas de confidents en dehors de votre communauté, qui feraient tout pour vous corrompre, car rien ne leur ferait plus plaisir que de vous voir en difficulté. La haine qu’ils vous portent perce déjà dans leurs propos. Que dire alors de celle qu’ils cachent dans leurs cœurs ? Vous voilà donc suffisamment avertis ! À vous d’en juger !"
Sourate 4, 144 " Ô vous qui croyez ! Gardez-vous de prendre vos alliés parmi les infidèles plutôt que parmi les croyants ! Voudriez-vous donner à Dieu une raison valable de vous punir ?"
Sourate 5, 51 "Ô vous qui croyez ! Ne prenez pas les juifs et les chrétiens pour alliés. Ils sont alliés les uns des autres. Quiconque parmi vous les prend pour alliés sera des leurs. Dieu ne guide pas les traîtres"
Sourate 60, 1 "Ô vous qui croyez ! Ne prenez point Mes ennemis et les vôtres pour alliés ! Vous leur témoignez de l’amitié alors qu’ils ont renié la vérité qui vous a été révélée, expulsé le Prophète et vous-mêmes pour avoir cru en Dieu, votre Seigneur. Si vous êtes sortis réellement pour défendre Ma Cause et rechercher Mon agrément, comment expliquer les marques d’amitié que vous leur prodiguez secrètement ? Je connais parfaitement les pensées que vous cachez et celles que vous divulguez. Quiconque d’entre vous agit de la sorte se fourvoie loin du droit chemin"
L'interdiction de l'amitié proche ou de l'alliance dont il est question, ne concerne pas les non musulmans en tant que tels, mais des personnes qui se déclarent et agissent en ennemis hostiles à l'Islam et aux musulmans.
Il n'y a donc pas de contradiction entre :
. les versets qui ordonnent des liens amicaux et respectueux envers les gens du Livre, en général
et
. les versets qui interdisent l'amitié proche et l'alliance avec ceux qui choisissent d'être des ennemis hostiles à l'Islam et aux musulmans (et qui combattent l'Islam et les musulmans)
Cela veut dire que si ces ennemis hostiles cessaient d'être dans cette attitude d'ennemis hostiles, le musulman doit revenir au cas général des versets qui ordonnent d'avoir des liens amicaux et respectueux envers eux.
Généraliser cette interdiction de l'amitié proche et de l'alliance à tous les gens du Livre, en tout temps et en tout lieu, est une gravissime erreur (nous en connaissons les conséquences).
L'origine de cette erreur est l'ignorance des textes et de l'esprit des textes, mais aussi -souvent hélas- c'est une malhonnêteté notoire pour servir des objectifs malveillants).
Des historiens occidentaux impartiaux reconnaissent l'esprit de la relation de l'Islam envers les non musulmans.
. LeBon a écrit : "La tolérance de Muhammad envers les Juifs et les Chrétiens était réellement impressionnante. Les fondateurs des autres religions avant lui, ceux du judaïsme et du christianisme, en particulier, n’avaient pas prescrit une telle ouverture. Les Califes qui lui succédèrent appliquèrent la même politique, et sa tolérance fut reconnue à la fois par les musulmans et par les sceptiques qui étudièrent en profondeur l’histoire des Arabes"
. Robertson a écrit : "Seuls les musulmans réussirent à combiner leur zèle pour leur religion à une tolérance envers les fidèles des autres religions. Même lorsqu’ils brandissaient leurs épées lorsqu’ils se battaient pour gagner la liberté de prêcher leur religion, ils laissaient ceux qui ne désiraient pas se joindre à eux libres de rester fidèles à leurs croyances"
Sir Thomas Arnold, un orientaliste anglais, a écrit : "Nous n’avons jamais entendu parler d’aucune tentative organisée pour forcer des minorités non-musulmanes à accepter l’Islam, ni d’aucune persécution organisée visant à supprimer la religion chrétienne. Si n’importe lequel des Califes avait choisi ce type d’approche, il aurait écrasé le Christianisme avec la même facilité avec laquelle Ferdinand et Isabelle ont fait sortir l’Islam d’Espagne, ou avec laquelle Louis XIV a fait du protestantisme un délit en France, ou encore avec laquelle les Juifs ont été expulsés d’Angleterre pour une période de 350 ans. À cette époque, les églises orientales étaient totalement isolées du reste du monde chrétien. Elles n’avaient point de défenseurs, dans le monde, car elles étaient considérées comme des sectes chrétiennes hérétiques. Le fait qu’elles existent encore de nos jours est la preuve la plus concrète de la politique de tolérance du gouvernement islamique" / "Le calife Omar prenait grand soin de préserver le caractère sacré des lieux saints chrétiens, et ceux qui lui succédèrent en tant que califes suivirent son exemple. Jamais ils ne harcelèrent les pèlerins de toutes dénominations qui venaient chaque année, des quatre coins du monde chrétien, visiter Jérusalem"
L’auteur américain Lothrop Stoddard a écrit : "La vérité est que les non-musulmans étaient traités avec plus de tolérance par les musulmans que par n’importe quelle autre secte de leur propre religion"
Richard Stebbins parle ainsi de l’expérience chrétienne sous le règne turc : "Ils (les Turcs) permirent à tous, catholiques romains et grecs orthodoxes, de préserver leur religion et d’adhérer aux croyances de leur choix. Ils leur permirent de garder leurs églises pour y accomplir leurs rituels sacrés, à Constantinople et en plusieurs autres lieux. Cela diffère totalement de ce dont je peux témoigner au sujet de l’Espagne, pour y avoir vécu durant douze ans; non seulement étions-nous forcés d’assister à leurs célébrations papistes, mais nos vies et celles de nos petits-enfants étaient en danger"
Il vaut la peine de souligner, encore une fois, le point suivant : la présence de non-musulmans, des siècles durant, au sein du monde islamique, de l’Espagne maure à l’Afrique sub-saharienne, à l’Égypte, à la Syrie, à l’Inde et à l’Indonésie est une preuve claire de la tolérance religieuse accordée par l’Islam aux personnes de foi différente. Cette tolérance a même mené à l’expulsion des musulmans d’Espagne, où les chrétiens profitèrent du manque d’autorité des musulmans pour les attaquer et les faire disparaître du pays, soit en les tuant, soit en les forçant à se convertir au Christianisme, ou encore en les expulsant.
Étienne Denier a écrit : "Les musulmans sont à l’opposé de ce que croient bien des gens. Ils n’ont jamais utilisé la force en dehors du Hejaz. D’ailleurs, la présence de chrétiens au sein de leurs sociétés en témoigne ; ces derniers ont pu vivre librement leur religion durant les huit siècles de règne musulman dans leurs contrées. Certains d’entre eux occupèrent même de hauts postes à Cordoba. Mais lorsque ces mêmes chrétiens prirent le pouvoir, leur première préoccupation, tout à coup, fut d’exterminer les musulmans"
4. Evolution du discours de l'église sur l'attitude que doivent avoir les chrétiens à l'égard de l'Islam et des musulmans
Est-il exagéré d'affirmer qu’aucune autre religion ou groupe religieux au monde n’est aussi juste que l’islam envers les personnes de foi différente ?
Examinons des faits et des enseignements de l'Histoire.
En Espagne, les chrétiens au pouvoir ont pris la décision d’expulser tout Juif qui refuserait le baptême, en leur "prenant" leurs biens au passage pour les abandonner dans la pauvreté et le dénuement.
Talmud et écrits juifs post bibliques furent brûlés pour impiété sous Saint Louis.
Vatican II est venu dénoncer indirectement (et reconnaître en partie) ces intolérances : "ce qui a été commis durant Sa Passion ne peut être imputé indistinctement à tous les juifs vivant alors ni aux Juifs de notre temps".
Vatican II reconnaît les injustices du passé dont l’occident d’éducation chrétienne s’est rendu coupable à l’égard des musulmans.
La position initiale de l’Eglise étant devenue intenable, le Concile du Vatican déclara que la personne humaine a droit à la liberté religieuse : "En vertu de leur dignité, tous les hommes, parce qu’ils sont des personnes, c’est-à-dire doués de raison et de volonté libre, et, par suite, pourvus d’une responsabilité personnelle, sont pressés, par leur nature même, et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d’abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu’ils la connaissent et à régler toute leur vie selon les exigences de cette vérité."
Le Concile de Constantinople (680 après J-C) avait déclaré la guerre à l’Islam.
Une guerre totale et éternelle : l’Anathème.
En déclarant l’Anathème contre l’Islam, on voit bien ce que les Catholiques de l'époque avaient en vue : l’extermination complète des musulmans, en référence à ce que les Juifs auraient dû faire – sur l’ordre de Dieu – aux populations Cananéennes maudites. Et si le moindre doute sur cette question subsistait encore dans les esprits, le Concile à détaillé son but : ce n’est pas un anathème, mais 4, qu’ils déclara :
. anathème contre l’Islam (faire disparaître cette religion)
. anathème contre le Coran (faire disparaître ce livre)
. anathème contre Muhammad (effacer son souvenir)
. anathème contre les musulmans (anéantir la communauté)
Cette déclaration de guerre totale, cette volonté de génocide, ne fut atténuée qu’au XXe siècle, 'récemment' donc, au Concile de Vatican II (1962-1965) qui marque un renouveau de la foi chrétienne, et une humanisation de ses rapports avec l’Islam, jadis traitée comme "Eglise du diable" et aujourd’hui qualifiée de "monothéisme absolu".
Le docteur Maurice Bucaille cite un document émanant du Secrétariat du Vatican pour les non-chrétiens intitulé "Orientations pour un dialogue entre Chrétiens et Musulmans" :
“Le document oppose l'idée répandue de l'Islam, religion de la crainte, à l'Islam, religion de l'amour, amour du prochain enraciné dans le foi en Dieu. Il réfute l'idée qu'on a propagé faussement, selon laquelle il n'y a guère de morale musulmane, et cette autre, partagée par tant de Juifs et de Chrétiens, du fanatisme de l'Islam, qu'il commente en ces terme : "De fait l'Islam ne fut guère plus fanatique au cours de son histoire que les cités sacrales de chrétienté quand la foi chrétienne y recevait en quelque sorte valeur politique". Et le document du Vatican de poursuive : "Le Jihad n'est aucunement le Kherem biblique, il ne tend pas à l'extermination, mais à étendre à de nouvelles contrées les droits de Dieu et des hommes." - "Les violences passées du Jihad suivaient en général les lois de la guerre ; et du temps des Croisades ce ne furent pas toujours les musulmans qui perpétrèrent les plus grandes tueries."
La tolérance de l’islam envers les non-musulmans, qu’ils soient dans leurs propres pays ou en terre d’Islam, est clairement démontrée par les faits historiques, faits qui ont été rapportés non seulement par des musulmans, mais aussi par de nombreux historiens non-musulmans :
. Le Patriarche Ghaytho a écrit : "Les Arabes, à qui le Seigneur a donné le pouvoir sur le monde, nous traitent comme tu sais; ils ne sont point ennemis des Chrétiens. En fait, ils louent notre communauté, traitent nos prêtres et nos saints avec respect et offrent leur aide aux églises et aux monastères".
. Will Durant a écrit : "À l’époque des Omeyyades, les peuples de l’alliance, les Chrétiens, les zoroastriens, les Juifs et les sabéens, étaient tous traités avec un degré de tolérance que l’on ne retrouve plus aujourd’hui, pas même dans les pays Chrétiens. Ils étaient libres de pratiquer les rites de leur religion, tandis que leurs églises et leurs temples étaient préservés. Ils jouissaient d’une pleine autonomie, en ce sens qu’ils étaient assujettis aux lois religieuses des érudits et des juges".
Non seulement l’islam exige-t-il que l’on laisse les autres pratiquer leur religion comme bon leur semble, mais aussi qu’ils soient traités de façon juste et équitable. Mettant en garde les musulmans contre tout abus envers les non-musulmans en terre d’islam, le Prophète Muhammad a dit : "Prenez garde ! Quiconque se montre dur et cruel envers une minorité non-musulmane, bafoue leurs droits, les accable au-delà de ce qu’ils peuvent supporter ou prend d’eux quoi que ce soit contre leur gré, je porterai plainte contre cette personne au Jour du Jugement".
Combien cette attitude est loin de celle de la plupart des nations qui, jusqu’à nos jours, non seulement bafouent les droits des religions étrangères, mais aussi des "présumées races" étrangères ! Alors que les musulmans étaient torturés à mort par les païens de la Mecque, que les Juifs étaient persécutés par l’Europe Chrétienne, et que divers peuples, à travers le monde, étaient opprimés à cause de leur race ou de leur caste, l’Islam appelait au traitement juste et équitable de tous les peuples et de toutes les religions et ce, sur la base de ses principes de miséricorde qui redonnent leur dignité aux êtres humains.
5. Continuer à bâtir des ponts entre musulmans et non - musulmans
En conclusion de cette question sur les relations entre les musulmans et les non-musulmans, nous ne pouvons que vivement vous recommander -amicalement- de regarder ce merveilleux site :
http://affinites.weebly.com/
Loin de répondre à des "questions polémiques" comme nous le faisons dans notre site, ce qui est nécessaire pour "éteindre le feu de la discorde basée sur la méconnaissance", cet autre site éclaire et souligne ce que les religions (et les philosophies) ont en commun et vise à construire des ponts entre les (cœurs des) gens de religions et philosophies différentes.